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La France reconnaît le plan d'autonomie du Sahara Marocain : analyse de Xavier Driencourt
Le quotidien français Le Figaro a publié ce mardi une interview de Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, dans laquelle il analyse les implications de la nouvelle position de la France concernant le Sahara marocain. Cette reconnaissance du plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007 comme base exclusive de résolution du conflit pourrait avoir des répercussions significatives sur la dynamique internationale autour de ce dossier.
Une décision stratégique
L'ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, met en lumière les effets de la décision de la France de reconnaître le plan d'autonomie comme unique base de résolution du conflit autour du Sahara marocain. Selon ce diplomate, cette décision est susceptible de peser sur la dynamique internationale en faveur du Maroc. En catalysant un soutien plus large à la marocanité du Sahara, la France pourrait jouer un rôle décisif dans la résolution de ce conflit vieux de près de 50 ans, tout en renforçant ses relations avec un partenaire clé dans la région.
La décision de la France de soutenir la souveraineté marocaine sur le Sahara s’inscrit, selon Driencourt, dans une volonté de dépasser le statu quo, "qui n’était pas payant". Il explique que Paris a pesé les avantages et les inconvénients de cette position, concluant que les bénéfices d’une relation renforcée avec le Maroc l’emportaient désormais sur les coûts potentiels d’une telle décision avec l’Algérie.
"De mon point de vue, certainement. Rien, ou peu de choses, ne bouge en effet du côté algérien et le gouvernement a pesé les avantages et les inconvénients des deux côtés. Il a sans doute estimé que, tout compte fait, il y avait plus d’avantages à se rapprocher de Rabat que de maintenir les faux-semblants avec Alger", dit-il. Et d’ajouter : "on connaît à Paris les possibles réactions algériennes et j’imagine qu’on les a anticipées. Mais franchement, qui a le plus à perdre? N’exagérons pas la coopération économique avec l’Algérie, les entreprises françaises ont davantage d’intérêts au Maroc (par exemple les opportunités créées par l’organisation de la Coupe du monde de football)".
Éviter l'Escalade avec l'Algérie
Quant aux conséquences possibles sur les relations entre la France et l’Algérie, Driencourt estime que les autorités algériennes doivent faire preuve de prudence pour éviter une escalade qui pourrait nuire à leurs propres intérêts. Il rappelle que la France dispose de plusieurs leviers de pression, notamment les accords sur les visas et les passeports diplomatiques, qui pourraient être utilisés si nécessaire. Selon lui, Alger aurait tout à gagner en évitant des mesures qui pourraient entraîner des restrictions significatives de la part de Paris.
"Il faut savoir raison garder, d’autant plus que Paris dispose, pour ce qui le concerne, de plusieurs leviers qui, s’il le voulait, pourraient être utilisés très rapidement. Par exemple, évidemment, les visas, l’accord de 1968 sur l’installation des Algériens en France, mais aussi, si on voulait aller plus loin, l’accord de 2007 qui exonère de visas les détenteurs algériens de passeports diplomatiques (c’est-à-dire tous les dirigeants civils et militaires), les accords de sécurité sociale, etc.", rappelle le diplomate se demandant si "Alger a-t-il intérêt à pousser la France dans cette voie?".
Et le diplomate d’affirmer qu’ "il y aura certainement, comme toujours, une «bouderie» algérienne avec le rappel de l’ambassadeur, les mesures habituelles, etc. Et après? Dans quelques semaines, on reprendra le cours des choses. Ce sera «business as usual»… N’oublions pas que le président algérien est en campagne électorale et qu’il a intérêt à froncer les sourcils vis-à-vis de Paris et à faire des grands moulinets, au moins jusqu’au 7 septembre, date de l’élection. C’est toujours payant".